mardi 24 juillet 2007

Sirènes

Elle n’était pas bien grande

Brune jusqu’au bout des doigts

Et toute en faconde

Elle rayonnait de joie


Jasmin de méditerranée

Epanouie dans son monde

Elle rayonnait de beauté

Bien plus loin qu’à la ronde


Passe passe les heures

Qu’on cueille les fruits de la rosée

La voilà qui chante en chœur

Avec le garçon qui l’a emportée


De cette douce rapine

Est né un beau figuier

Tant de branches et deux ondines

Qui illuminent la jetée


Un camaïeu de bonheur

Ils vécurent pendant des étés

Ils semèrent des fleurs

Par de là leur nichée


Le grand manitou rageur

Est un grand jaloux

Il n’aime pas les fleurs

Il préfère les cailloux


Il lança ses gargouilles

Sur leur conte de fées

Il les transforma en grenouilles

Et leurs jasmins en galets


Poséidon entendant leur peine

En son royaume les abrita

Il les changea en sirènes

Et au milieu des coraux les logea


C’est au bout de la jetée

Que j’entendis par une nuit papier

Cette nostalgique mélopée

Une sirène chantait un figuier


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jeudi 12 juillet 2007

c'est pas moi, c'est l'autre

La poésie contemporaine ne chante plus... Elle rampe
Elle a cependant le privilège de la distinction...
Elle ne fréquente pas les mots mal famés... elle les ignore
On ne prend les mots qu'avec des gants : à "menstruel" on préfère "périodique", et l'on va répétant qu'il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires et du Codex.

Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n'employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baisemain.

Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse.
Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, mais la poésie qui illustre le mot.

Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes.

Le poète d'aujourd'hui doit être d'une caste, d'un parti ou du Tout-Paris.
Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé.

La poésie est une clameur. Elle doit être entendue comme la musique.
Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie, n'est pas finie. Elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale, tout comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche.

L'embrigadement est un signe des temps.
De notre temps

Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes.
Les sociétés littéraires c'est encore la Société.
L
a pensée mise en commun est une pensée commune.

Mozart est mort seul,
Accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes.
Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes.
Ravel avait dans la tête une tumeur qui lui suça d'un coup toute sa musique.
Beethoven était sourd.
Il fallut quêter pour enterrer Béla Bartok.
Rutebeuf avait faim.
Villon volait pour manger.
Tout le monde s'en fout...

L'Art n'est pas un bureau d'anthropométrie !

La Lumière ne se fait que sur les tombes...

Nous vivons une époque épique et nous n'avons plus rien d'épique
La musique se vend comme le savon à barbe.
Pour que le désespoir même se vende il ne reste qu'à en trouver la formule.
Tout est prêt :
Les capitaux
La publicité
La clientèle
Qui donc inventera le désespoir ?

Avec nos avions qui dament le pion au soleil,
Avec nos magnétophones qui se souviennent de "ces voix qui se sont tues",
Avec nos âmes en rade au milieu des rues,
Nous sommes au bord du vide,
Ficelés dans nos paquets de viande,
A regarder passer les révolutions

N'oubliez jamais que ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale,
C'est que c'est toujours la Morale des autres.

Les plus beaux chants sont des chants de revendications
Le vers doit faire l'amour dans la tête des populations.

A L'ÉCOLE DE LA POÉSIE ON N'APPREND PAS
ON SE BAT !

" Préface" Léo FERRE

dimanche 8 juillet 2007

En train

La cravate bien nouée et le sourire satisfait, un homme était assis dans un train.

Il regardait la paume de sa main et admirait la ligne de sa vie. Il en observait chaque courbe et se plongeait dans chaque sillon.

Il scrutait ses lendemains et se rabibochait avec ses antans.

Puis son regard s'embua et sur la larme qui s'en échappait, je vis le reflet d'un enfant qui riait.


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Feu toi

Un poème pour tous ceux que j'aurais aimé connaître plus et ceux que j'aurais pu connaître mais que je ne rencontrerai jamais.
Surtout, une pensée pour ma grande tante qui vient de perdre un autre enfant et surtout à l'épouse et aux enfants de cet enfant.
Voici, un poème souvenir.


Depuis que tu nous a quitté ;

Le prince soleil s’est voilé.

Ses charmes, même à l’été,

Il a refusé de dévoiler.


La lune refuse de se lever

Et le vent triste, sa plainte lancée,

Fait pleurer le ciel. Ah ! si je pouvais

Faire taire la nature blessée.


Mais mon cœur est brisé,

Comment le rassembler ;

Moi, qui n’ai pu baiser

Tes joues au teint hâlé.


2 avril 2003


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lundi 2 juillet 2007

terger eL

Je suis une coupe amère que la vie porte à vos lèvres.


Je transforme l’été en hiver et le vin en vinaigre.

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